Que deviendra la fontaine de Michel Perrache aux jardins du Rosaire ?
Si vous êtes allé vous promener dans les jardins du Rosaire, sur la pente de Fourvière, vous avez sûrement remarqué tout au bout d'une allée rectiligne, sous la fraîcheur des arbres, une fontaine qui semble se morfondre.
Musique : Stopping By the Inn (Twin Musicom)
Triste fontaine, seule, abandonnée, mal entretenue, réduite à une eau rare. Et pourtant si elle pouvait parler, quelle étonnante histoire elle raconterait !
"J'ai été sculptée par Michel Perrache. Attention, non pas Antoine-Michel Perrache, celui qui a reculé le confluent du Rhône et de la Saône, d'Ainay jusqu'à la Mulatière, mais son père, Michel Perrache, qui était sculpteur à Lyon où il est né en 1686 et mort en 1750.
En 1730, le consulat de la ville a passé commande à Michel Perrache de deux fontaines, car à l'origine, j'avais une sœur jumelle, toute semblable à moi. Et toutes les deux nous avions été placées à chaque angle de l'hôtel de ville du côté de la Place des Terreaux. Cet hôtel de ville était magnifique. Il avait été reconstruit au début du siècle, sur les plans du grand architecte Jules Hardouin-Mansart et de son beau frère, Robert de Cotte.
Vous pouvez nous voir, l'une et l'autre, sur une gravure de 1734. Nous étions bien petites au pied de cette majestueuse façade, mais les habitants du quartier appréciaient de pouvoir se servir en eau à nos bouches fraîches. En 1752, alors que Michel Perrache était mort depuis deux ans , elles ont été ornées de nouveaux mascarons fabriqués par un autre sculpteur, qui s'appelait Marc Chabry (le fils).
Façade de l'hôtel de ville de Lyon, place des Terreaux, Jean-Pierre Gentot (1734)
Archives Municipales de Lyon, 3S/696
En regardant bien, vous nous apercevrez encore sur cette vieille photo qui date d'avant 1857, car à cette époque, l'Hôtel de ville est à nouveau en travaux, et l'architecte de l'époque, qui s'appelait Tony Desjardins, décide de nous faire enlever. Il est vrai qu'en ce milieu du XIXe siècle, l'eau arrivait de plus en plus dans les maisons, et nous avions un peu perdu de notre utilité.
Archives Municipales de Lyon (3PH/600)
Commence alors une triste période. Je suis séparée de ma jumelle, et je n'ai jamais su ce qu'elle était devenue. Quant à moi, j'ai été rachetée et je me suis retrouvée de l'autre côté de la ville... sur la colline de Fourvière. D'abord dans les jardins de la famille Jaricot, et plus tard, mais je ne me rappelle plus exactement quand, la Commission de Fourvière m'a installée sur l'Esplanade de la basilique, à côté de l'abri des pèlerins.
Je ne me rappelle pas non plus quand le mascaron de Marc Chabry fils a été remplacé par le dauphin de fonte que l'on voit encore aujourd’hui (certains disent que c'est un triton), mais il est hélas amputé de sa partie haute. Regardez bien, on voit encore dans ma pierre les cicatrices de l'ancien mascaron de Chabry.
De ces longues tribulations, j'ai gardé quelques photos. En noir et blanc, elles semblent sinistres, surtout la première, avec à l'arrière plan son mur couvert de graffitis. Mais au moins à cette époque, mon dauphin avait encore sa queue enroulée autour d'un trident orné de joncs.
1968 : Archives Municipales de Lyon (1PH/400)
1970 : Archives Municipales de Lyon (1PH/1982)
En 1996, lors de travaux de réaménagement des abords de la basilique, on m'a à nouveau déménagée, au bout de ce chemin où je me trouve encore aujourd’hui reléguée.
Aujourd'hui, je me sens vieille, décrépite. On m'ignore. On me laisse devenir une ruine. Sur place, rien ne rappelle mon histoire mouvementée. Et j'ai de nouvelles craintes : bientôt les Jardins du Rosaire vont être rénovés. Qu'adviendra-t-il de moi ? Serai-je oubliée ? Déménagée ? Détruite comme ma jumelle, qui sait ?
Et pourtant, ne mériterais-je pas un peu d'égard et d'attention ? J'ai été conçue par Michel Perrache en 1730. Je suis intimement liée à l'histoire de Lyon. Je serais digne d'être considérée comme un Monument historique ? Qui s'élèvera pour que je sois sauvegardée, pour que je redevienne belle, et que mon histoire soit mieux connue ?
Sources :
- L'art et l'eau à Lyon, Gilbert Gardes, 1975 (BML, fonds régional, 69 E2 GAR)
- La fontaine de Michel Perrache, une fontaine de l'Hôtel de Ville sur l'esplanade de Fourvière,
Dr Paul Henry (Bulletin municipal officiel n° 306, 7/10/1984)
- Les Jardins du Rosaire, Hier et aujourd'hui, Claudine Collinet, 1995 (BML, fonds régional-K 104437)
- L'hôtel de Ville de Lyon : 4 siècles d'agitations (Archives Municipales de Lyon)
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