L’horloge Charvet
Cette horloge est surnommée à tort « Horloge aux Guignols » car il n’y a qu’un seul Guignol, avec quatre autres automates : Gnafron, Arlequin, Polichinelle et le soldat Trompette.
C’est une horloge monumentale (7 m de haut, 2,20 m de large, 100 kg) à automates et grande sonnerie (elle sonne les heures et les quarts d’heures avec, à chaque quart d’heure, la répétition de l’heure). Au départ elle était située rue de la Poulaillerie. Tous les ¼ d’heure, les automates font sonner les 4 cloches de bronze doré puis la plus grosse cloche située en haut. À chaque heure, un soldat jouant de la trompette surgit d’un fenestron.
159 ans d’histoire (1862 à 2021)
Depuis 1852, Laurent Charvet est « Horloger de la Ville », c’est-à-dire qu’il entretient l’ensemble des horloges de la Ville et il fonde son entreprise.
En 1858, les grands travaux du centre-ville, initiés par le préfet Vaïsse, incluent l’élargissement de la rue de la Poulaillerie. Le n° 10 est démoli, puis les travaux s’arrêtent. Ainsi, le n° 8 laisse une façade borgne sur laquelle l’horloger a l’idée d’implanter une horloge qui lui servira de publicité. Charvet écrit plusieurs fois à Vaïsse (1862, 1863, 1864) pour demander l’autorisation d’installer une horloge qui empiètera sur le domaine public, avec une exemption d’impôts car, à cette époque, donner l’heure gratuitement aux Lyonnais est une mission d’intérêt général. Vaïsse autorise l’installation (arrêté du 18 mars 1864), avec exonération des droits de voirie. Les automates sont fabriqués par la Maison Charvet et le mécanisme par la maison Bailly-Comte (dans le Jura). Laurent Charvet meurt le 18 octobre 1868 et son frère Louis reprend l'affaire. L’horloge est installée le 17 octobre 1884.
En 1988, l’horloger Guy Augis acquiert la boutique, restaure et électrifie l’horloge. Mais, en 1993, le magasin passe sous le contrôle de la société Fortune, qui ne l’entretient plus. Dès 2005, elle ne fonctionne plus, se dégrade et la société décide de la vendre aux enchères publiques (estimation : plus de 150 000 €). SEL fait savoir son opposition aux personnes concernées (maire de Lyon, adjoints, architecte des Bâtiments de France, commissaire-priseur) et sollicite l’inscription de l’horloge à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, avec une pétition qui a recueilli 360 signatures. La vente aux enchères est prévue le 15 octobre 2005. La Ville prévient qu’elle la fera annuler si elle est maintenue. Après de longues discussions judiciaires, par un communiqué (13 octobre 2005), la société renonce à la vente.
Un arrêté municipal (21 février 2006) déclare que l’horloge fait partie du domaine public communal, ce que la société Fortune conteste. La SCI de la Poulaillerie (immeuble contre lequel elle est posée) revendique aussi sa propriété. Le Tribunal administratif (26 février 2009) juge que la SCI et la Ville ne peuvent pas être considérés comme propriétaires de l’horloge. Donc l’arrêté municipal du 21 février 2006 est annulé ! Enfin, en 2012, un accord permet à la Ville de l’acquérir (100 000 €). Elle attendra encore 8 ans avant d’être démontée (juin 2020) pour 6 mois de restauration et une nouvelle implantation (plus de 200 000 €). La restauration a été assurée par Philippe Carry (maître horloger d’art), Fanny Grué et Gaëlle Giralt (restauratrices) et de nombreux artisans (ensemble piloté par le cabinet RL&A architectes, pour le compte de la Ville de Lyon). Elle est reconstruite à l’entrée de l’Hôtel de Gadagne et inaugurée le 20 janvier 2021.
Éliane Vernet
L’horloge Charvet
en 2006, rue de la Poulaillerie (balancier disparu)
en 2025 à côté de l'entrée du musée Gadagne
Les automates de l’horloge