Quais et bas-ports des deux fleuves
On soutient parfois, de manière plaisante, que Lyon a trois fleuves : le Rhône, la Saône et... le Beaujolais !
Dès septembre 1983, Jean-Paul Drillien écrit : « Ce site exceptionnel, avec son confluent, ne mérite-t-il rien d'autre que les parkings imposés par le sacro-saint règne de l'automobile ? Ne serait-il pas judicieux de prévoir un plan d'aménagement de nos quais et de leurs berges ? »
Nous sommes heureux de constater que les projets "Berges du Rhône" et "Rives de Saône" ont abouti et que les lyonnais se les sont appropriés.
Berges du Rhône
Un premier dossier de propositions est élaboré par SEL dès novembre 1983 et diffusé aux élus et responsables techniques pour l’aménagement des quais du Rhône. Des suggestions sont prises en compte dès 1987 par exemple : création d’une circulation piétonne de cinq mètres de large le long du fleuve et accès piétons. Une première inauguration en présence de SEL a lieu en 1988.
Nouvelle demande de SEL dans les années 1990 pour un aménagement ambitieux des bas-ports. Finalement au début des années 2000, le Grand-Lyon se penche sérieusement sur l’idée.
Un nouvel aménagement est décidé. Il a pour premier objectif de supprimer les 1 600 places de stationnement qui encombrent et enlaidissent les quais. Pour pallier leur disparition, deux parkings souterrains sont construits, celui de la place Maréchal Lyautey et celui de la Fosse aux Ours. Une consultation publique est lancée en juillet 2002 et aboutit à un cahier des charges qui fait l'inventaire des principaux besoins.
C'est sur cette base qu'un concours est organisé. Après une première sélection de quatre équipes, c'est finalement l'agence In Situ (Anne Tardivon et Emmanuel Jalbert) qui est retenue, associée à l'architecte Françoise-Hélène Jourda et au concepteur lumière Coup d'éclat.
Tout au long de la phase de mise au point du projet, des réunions de concertation ont été organisées avec les habitants et les associations. SEL qui s’est bien sûr félicitée du projet, a pris une large place au débat. Comme cela est relaté dans le numéro 75 de notre bulletin de novembre 2003, « nous avons attiré l’attention des concepteurs sur une trop grande linéarité des pistes destinées aux cyclistes et aux rollers et le conflit d’usage qu’elles risquent de provoquer entre ceux qui optent pour la vitesse et ceux qui préfèrent la promenade. »
L'inauguration de la première phase a eu lieu en mai 2007.
Rives de Saône
Initié en 2009, le projet a vu le jour, dans sa plus grande partie en 2015, pour la joie des promeneurs, des joggeurs… et des fêtards… qui, dès les beaux jours, se retrouvent par centaines sur ces nouveaux espaces.
Quai Saint-Antoine, il aura fallu presque 10 ans pour que le parking ouvre ses portes et que l’ancien parc de stationnement soit démoli. L’emprise ainsi libérée devrait permettre la création d’un vaste espace public dédié à la détente et aux jeux « les terrasses de la Presqu’île ». Après des débuts de travaux laborieux, on espérait que le projet serait finalisé au début des années 2020, mais hélas, au cours des travaux, un affaissement du mur en rive de la Saône a été constaté. Pour des raisons de sécurité, le chantier a été arrêté.
La Métropole a affirmé récemment « de nombreuses investigations géotechniques ont été menées pour définir et redimensionner la ou les solutions définitives de confortement du mur de rive en Saône » et qu’elle « présenterait prochainement le planning et les modalités de reprise des travaux. ». Car pour elle, « c’est un chantier qui est prioritaire et que la Métropole de Lyon entend mener à bien dans les plus brefs délais, tout en intégrant la grande complexité technique de ces travaux. »
Dans un article publié par le Progrès le 16 mai 2025, nous apprenons par les services de la Métropole de Lyon, maître d’ouvrage de l’opération, que la reprise aura lieu cet été. À partir de là, il s’agit de « mettre en place la solution retenue par le géotechnicien qui consiste à l’installation de micropieux verticaux et de tirants inclinés de 30 degrés dans le mur de rive au droit de la zone en désordre », puis de poursuivre l’aménagement du quai bas, avec la réalisation du futur jardin fluvial de 8 500 m 2. Dix mois de travaux sont envisagés, avec une livraison de l’ensemble espérée au printemps 2026.
Le site, entre-temps, n’est pas resté inoccupé. Les autres phases du projet ont été réengagées en début d’année. Sur le quai haut, face à la place d’Albon, les pierres au sol ont été posées et le belvédère a été ouvert au public il y a quelques semaines à peine. C’est sur cet espace, et plus précisément « à l’emplacement de l’ancien pont du Change », que prochainement, annoncent les services de la Métropole, viendra prendre place une œuvre d’art Éloge de la contemplation, imaginée par l’artiste Philippe Ramette.
Enfin, les interventions sur la terrasse intermédiaire de 1 200 m 2 qui est créée, ont repris depuis mars dernier. Pour y réaliser des plantations et l’aire de jeu pour les enfants qui devraient être livrés en juillet prochain.
Espérons que cet important chantier se termine enfin et qu'on puisse s'y promener et s'y détendre...
Denis Lang